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ONU : l’agro-écologie bien mieux que l’agriculture industielle

mardi 22 juin 2010, par FFAP

Communiqué de presse du 22 juin 2010

« Pour nourrir le monde, l’agro-écologie surpasse l’agriculture industrielle à grande échelle », déclare le rapporteur de l’ONU

BRUXELLES – « Les gouvernements et les agence internationales doivent stimuler de toute urgence les techniques agricoles écologiques afin d’accroître la production alimentaire et sauver le climat », a déclaré Olivier De Schutter, Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, au moment de présenter les conclusions d’un séminaire international sur l’agro-écologie organisé à Bruxelles les 21 et 22 juin.

Soutenu par 25 experts mondiaux en agro-écologie, le Rapporteur de l’ONU a appelé la communauté internationale à repenser les politiques agricoles actuelles et à s’appuyer sur l’énorme potentiel qu’offre l’agro-écologie. « Il y a un an, les chefs d’Etat réunis au G20 de L’Aquila se sont engagés à mobiliser 22 milliards de dollars en trois ans pour améliorer la sécurité alimentaire mondiale. Il s’agissait là d’une bonne nouvelle. Toutefois, dans le réinvestissement agricole, la question la plus urgente porte moins sur les montants que sur l’approche adoptée », analyse Olivier De Schutter.
« Pour accroître la production alimentaire, les efforts se concentrent actuellement sur les investissements à grande échelle – y compris dans l’acquisition de terres à grande échelle – et sur des modèles agricoles de type ‘Révolution Verte’ : semences améliorées, fertilisants chimiques et recours aux machines. Peu d’attention a été accordée aux méthodes agroécologiques qui ont pourtant prouvé leur capacité à accroître la production et à améliorer les revenus des paysans tout en protégeant les sols, l’eau et le climat », constate l’expert de l’ONU.

La plus vaste étude jamais réalisée sur les approches agro-écologiques (Jules Pretty, Université d’Essex, R.-U.) s’est penchée sur 286 projets menés dans 57 pays en développement. Couvrant une surface totale de 37 millions d’hectares, elle démontre que le gain de rendement moyen des récoltes s’élève à 79% en recourant à ces approches écologiques. Celles-ci ont donné quantité de résultats positifs, notamment en Afrique. « En Tanzanie, les provinces occidentales de Shinyanga et Tabora étaient autrefois appelées le ‘Désert de la Tanzanie’ », explique Olivier De Schutter. « Mais le recours aux techniques d’agroforesterie et la participation paysanne ont permis de réhabiliter 350.000 hectares de terres en à peine 20 ans. Les bénéfices par ménage ont augmenté de 500 USD par an. Des techniques similaires sont utilisées au Malawi. En 2005, près de 100.000 petits producteurs y ont bénéficié du recours à des arbres fertilisants. » « Avec plus d’un milliard de personnes affamées sur terre, et face au défi climatique en cours, nous devons rapidement développer ces techniques agricoles durables », poursuit De Schutter. « Même si cela rend la tâche plus complexe, nous devons trouver le moyen de répondre en même temps à la faim, au changement climatique et à l’épuisement des ressources naturelles. Si nous ne le faisons pas, tous les efforts resteront vains. »

Les experts réunis à Bruxelles ont identifié des politiques publiques à même de nourrir la planète en 2050 par le développement d’approches agro-écologiques. Leurs travaux se sont basés sur les expériences de pays ayant mis en place de telles politiques – comme le Brésil ou Cuba – ainsi que sur les activités menées par des centres de recherche internationaux (comme le Centre Mondial d’Agroforesterie de Naïrobi) ou par La Via Campesina, mouvement paysan international actif dans la mise en place de programmes axés sur l’agroécologie. « Nous pouvons développer ces modèles d’agriculture durable et nous assurer qu’ils amélioreront le sort des paysans les plus pauvres », affirme le Rapporteur de l’ONU. « Tout ce qu’il faut pour cela, c’est la volonté politique. C’est elle qui permettra de faire passer ces projets pilotes au stade de politiques nationales. »

Concluant son intervention, Olivier De Schutter a annoncé qu’il allait demander au Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale de travailler, durant sa session d’octobre, sur le développement des approches agro-écologiques. « C’est là la meilleure option que nous ayons aujourd’hui. Nous ne pouvons plus nous permettre de l’ignorer. »

FIN ***