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Stéphane le Foll et l’apiculture : un voyage au bout de l’impatience !

vendredi 30 septembre 2016, par FFAP

Communiqué de presse de la Fédération Française des Apiculteurs Professionnels

Le 30 septembre 2016

Stéphane le Foll et l’apiculture : un voyage au bout de l’impatience !

Lors de sa visite au lycée agricole de La-Côte-Saint-André le 27 septembre, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a fait plusieurs annonces [1].

Tout d’abord le ministre a annoncé la mise en place de nouvelles formations pour les apiculteurs et apicultrices : « la création d’un Certificat de Spécialisation apiculture » et « le développement d’un MOOC (module de formation ouvert en ligne) sur l’apiculture »

La Fédération Française des Apiculteurs Professionnels est consciente de l’importance de la formation dans le domaine de l’apiculture. Pour favoriser l’installation de nouveaux et nouvelles apiculteurs et apicultrices, le ministère doit accompagner la mise en place de formations réellement professionnalisantes.

Si nous pouvons admettre que l’aspect théorique du métier peut s’apprendre derrière un ordinateur grâce à un MOOC, nous insistons sur la nécessité d’un solide apprentissage de terrain, au plus près des cheptels. Nous appelons par ailleurs de nos vœux à la participation des organisations professionnelles régionales à la rédaction des programmes de formation, ainsi qu’à leur mise en œuvre.

Ensuite, dans l’édition internet du Dauphiné [2] sont rapportés des propositions du ministre en terme de développement d’« une solution gagnant-gagnant » entre les apiculteurs et les agriculteurs. Nous ne pouvons qu’aller dans ce sens.

Depuis plus de 20 ans les apiculteurs et apicultrices professionnel-le-s alertent les pouvoirs publics, les agriculteurs et l’opinion sur la dangerosité d’un grand nombre de pesticides, au premier rang desquels les pesticides néonicotinoïdes. Si le vote de la loi « Biodiversité » en juillet dernier fut une avancée importante dans la mesure où elle prévoit l’interdiction de cette catégorie de pesticides à partir de septembre 2018 (et plus sûrement à partir de septembre 2020) nous ne pouvons ignorer la réalité de l’agriculture française. Une agriculture qui est la première consommatrice de pesticides en Europe. Et les choses ne semblent pas évoluer favorablement depuis des décennies.

Cela pose plus globalement la question du modèle agricole que nous souhaitons voir se mettre en place dans nos régions. Les abeilles participent de manière primordiale au maintien de la biodiversité dans nos campagnes . Sans elles la pollinisation est largement compromise, impactant de fait les récoltes.

Comme nombre de nos concitoyens, nous voulons une agriculture soutenable pour l’environnement, qui permette aux agriculteurs, dont nous sommes, de vivre dignement et en toute sécurité de leur métier et qui garantisse une alimentation de qualité. Une autre agriculture est possible et nécessaire, les exemples ne manquent pas ! C’est notre vision d’une relation « gagnant-gagnant ».

Une autre citation attribuée au ministre nous a également interpellés.

« Dans l’agriculture, on a toujours besoin de temps. L’impatience est un des pires sentiments que l’on peut avoir dans une démocratie. Je comprends l’impatience de ceux qui souffrent. Mais de temps en temps, regardez la société que vous voulez. Ça ne se fait pas en quelques instants. »

A notre tour, nous exhortons le ministère à la patience et à la démocratie pour ce qui concerne la création d’une interprofession apicole, objectif majeur du Plan de Développement Durable de l’Apiculture (PDDA), que le ministre souhaite atteindre avant la fin de son mandat.

Impatient d’aboutir, le ministère veut contraindre la filière à créer une interprofession à tout prix :

de fait, aujourd’hui, c’est l’administration qui pilote le processus de création, en imposant sa méthode et ses choix, contre l’avis des syndicats de producteurs et sans qu’aucun dialogue ne soit possible [3].

L’usage de la contrainte n’est ni un gage d’efficacité, et encore moins de démocratie.

Et une interprofession efficace, porteuse d’un projet cohérent et mobilisateur, "Ça ne se fait pas en quelques instants"...

Nous considérons avoir été suffisamment patients pour exiger du ministre des réponses claires et des orientations franches pour notre modèle agricole et pour soutenir réellement la filière apicole qui se retrouve cette année encore, en grande difficulté.

La Fédération Française des Apiculteurs Professionnels